jeudi 22 mai 2008

Microsoft pense que les Africains (du Sud?) ne sont pas compétents pour développer Linux: ma réponse

Suite à son voyage en Afrique du Sud, le Director of Corporate Standards chez Microsoft, Jason Matusow, s'exprime sur son blog afin de tenter de prouver que le Gouvernement Sud-Africain serait à côté de la plaque en penchant pour l'utilisation des Open Source Softwares (OSS). S'il s'était contenté de cette affirmation, on aurait pu s'arrêter aux conclusions habituelles telles que "les nécessités du marketing", "c'est sain et normal: la loi de la concurrence", "il est gentil: il nous donne des conseils 'gratuits' et désintéressés" etc...
Malheureusement, il a étayé son argumentation de telle manière que les constats que nous pouvons régulièrement faire dans les Pays en Voie de Développement sur la stratégie, la politique et les réelles considérations que certaines multinationales nous portent, se confirment. Est-il besoin de rappeler que, de par nos passés d'anciens Pays colonisés, nous reconnaissons par coeur ce genre de conseils 'paternalistes' 'bienveillants', 'donnés pour notre bien'.

"it constrains decision-making away from technology, solution quality, ROI on existing investments, people issues."

Technology: mon expérience au sein de l'Administration Malgache m'a confirmé le fait que l'utilisation appropriée des Logiciels Libres permet d'y provoquer un véritable bond Technologique, initiateur et locomotive d'un cercle vertueux salvateur. Entre autres:
  • la création et la mise en oeuvre d'un Intranet sécurisé devient rapidement possible, de même pour les Outils de Travail Collaboratifs qui favorisent la productivité et contribuent grandement en la Gestion du Changement. Ne nous étendons pas sur toutes les Technologies Internet ainsi disponibles;
  • la barrière auparavant infranchissable du matériel qualifié d'obsolète donc inopérant tombe, vu que "pas si vieux" ou réellement vieux pour d'autres Systèmes d'Exploitations, ce materiel peut même servir de serveurs en fin de compte, en clusters ou non, ne serait-ce que temporairement. Une fois la preuve du concept faite, le budget se débloque plus facilement qu'avant, et il devient possible d'avancer en proposant des projets qui auraient dù être possibles depuis longtemps tels qu'Intranet de l'Etat, e-Gouvernance, etc...;
  • le personnel n'est pas seulement motivé de pouvoir enfin maîtriser son outil de travail, mais aussi de voir qu'il peut être un véritable acteur, contrairement à avant quand il fallait attendre alors que la République et le Peuple affamé depuis des décénies ne peuvent plus attendre. Motivé enfin de pouvoir évoluer en ayant la possibilité d'apprendre et de maîtriser ces Technologies dans les strates où le besoin s'impose. Même si ceci ne fait pas partie du rôle régalien de l'Administration, et que le gros du travail peut être fait grâce à des prestations de services, il est vital pour sa bonne marche et sa sécurité que l'Administration aît ce minimum de contrôle;
...et d'autres encore, Jason. Vous le savez mieux que moi.

Solution quality: Il est vrai que l'on ne peut pas faire aveuglement confiance en un éditeur de Système d'Exploitation ou de Logiciels. L'exigeance de la qualité fait donc bien partie des responsabilités que doit assumer un DSI. S'il peut l'assumer en travaillant avec Microsoft, ne le pourrait-il pas avec d'autres éditeurs?
D'autant plus que ceux-ci bénéficient d'une réelle prise en compte du travail en communauté, dont la Communauté Africaine?

D'autant plus que cette communauté veille jalousement à la qualité grâce à des Outils de Travail Collaboratif qui leur permet d'y influer par une contribution directe sur les Sites Internet des éditeurs.

Il n'est même pas besoin de prendre un rendez-vous pour rapporter un bug, ou inclure une ligne de code directement dans le code source des logiciels Linux: il suffit d'aller sur un Site Internet ou d'utiliser un logiciel fait pour ce faire. En suite de quoi, si le code n'est pas douteux (virus, sécurité...) et la qualité respectée, la communauté le valide pour qu'il soit inclus dans la prochaine version de cette Distribution Linux. (Pour l'exemple je ne parlerais que du plus 'en vogue' actuellement: Launchpad). Oui, les petits génies Africains peuvent maintenant prendre la qualité de leur Système d'Exploitation en main, eux aussi. En toute égalité, sans complexes et en pouvant être considérés (mais est-ce nécessaire?) autrement dans le monde entier que comme comme étant ceux qui attendent (et doivent attendre) en émettant de vaines "plaintes sur un air de blues". (Nb: J'adore le blues! ;-)).



ROI on existing investments: Jason, loin de moi la volonté de "dire du mal", croyez-le bien. Mais je pense que l'Intelligence de l'être Humain, quel que soit sa race ou son Pays, lui permet de reconnaître quand les investissements passés doivent être reconsidérés. Il lui faut avoir dans ce cas le courage d'aller de l'avant, surtout dans les Pays en Voie de Développement où de tels erreurs sont catastrophiques quand elles sont traînées pendant des dizaines d'années. Le Retour sur les Investissements passés peut être reconsidéré, si le Retour sur les Investissements actuels et à venir peut être sauvé en prenant les décisions qui s'imposent.

R.O.I? qu'en est-il de celui des sociétés et autres organismes qui ont massivement investi dans Windows-XP?

People issues: Tout est là. Faire en sorte que les gens, qu'un Peuple puisse avoir son destin en main, et non pas 'uniquement' dans celles des multinationales, d'où qu'elles soient: locales ou internationales. Et à ce propos, il est tout-à-fait possible de changer d'editeur, de passer d'une distribution Linux à une autre: des différences existent, mais çà reste du Linux. + cf. ci-dessus...

"...taking working environments representing huge investments and moving to untested, more expensive solutions."
Huge investments: cf. ci-dessus...
Untested, more expensive solutions: Ne tombons pas dans l'obscurantisme... la raison d'être même des Open Source Softwares est d'être diffusés afin que des dizaines de milliers, des centaines de milliers de gens puissent les tester dans la minute qui suit, et ainsi de suite à chaque itération ou à chaque ligne de code qui change si besoin est. Et c'est la réalité, cf. encore Launchpad pour ceux qui ne le croient pas. Jusqu'à ce jour, on n'a pas trouvé mieux comme 'panel' de tests!

"More expensive"?... alors qu'il est possible d'essayer, d'utiliser, de transformer ces logiciels serveurs et bureautiques, gratuitement? l'attente d'un Service Pack n'est-il pas plus coûteux en terme de temps donc d'investissements? les ravages occasionnés par les virus, la dépendance à un seul éditeur ne coûtent-t-ils pas largement plus cher en fin de compte, comme le passé nous l'a montré?
"every conversation about the OSS mandate is really a Windows vs. Linux discussion."
D'autres que Linux existent. Prenons comme exemple Open-BSD, d'ailleurs initié par un Sud-Africain (Theo de Raadt, né en Afrique du Sud et de mère Sud-Africaine). Ubuntu Linux lui aussi a été initié par un Sud-Africain (Mark Shuttleworth).
Mais il est tout-à-fait vrai que Linux est actuellement le principal concurrent de Windows. On peut aussi parler de Firefox vs Internet Explorer, OpenOffice vs MS-Office...

Enfin, n'oublions pas que beaucoup de développeurs Windows livrent leurs logiciels en OSS. De plus en plus d'OSS et Logiciels Libres inventés et développés initialement sur Linux sont livrés aussi pour Windows. Je pense que c'est tant mieux pour essayer de faire évoluer Windows, les heureux bénéficiaires sont les utilisateurs de Windows... et Microsoft. Et je le repete: c'est tant mieux!
"Deep dev of the core OS is not likely to happen in South Africa today on any large scale. Students at the university still grappling with coding skills are not going to dive into the inner-working of Linux."

Linux a été créé par Linus Torvalds alors qu'il était encore étudiant. Il est vrai que tous les étudiants ne peuvent pas faire de même, mais je suis certain que les étudiants Sud-Africains savent lire, écrire et compter comme les étudiants Américains. Ils sont capables d'apprendre à développer des logiciels voire compter en binaire ou en octal pourquoi pas (mais serait-ce utile et raisonnable? ;-)), et, contraîrement à d'autres Systèmes d'Exploitations, peuvent plonger dans toutes les parties de Linux qu'ils le désirent. Par contre: si on arrive à ne leur fournir que du Visual Basic, il est sùr qu'ils n'y arriveront pas. Je dis juste ce que je pense réellement, Jason: no offense!

Plus d'une fois, j'ai vu de jeunes Malgaches à l'oeuvre et écrire un code très complexe, code que moi-même qui en ai donné l'instruction n'arrivais pas à comprendre à 50% mais qui marchait. Tous ceux-là sont fraichement sortis de l'Université d'Antananarivo (Madagascar) ou de Fianarantsoa (Madagascar). Un seul a fait ses études supérieures en Europe.

Oui, Jason. Je pense que les jeunes Africains et les jeunes des Pays en Voie de Développement ont eux aussi un potentiel énorme. J'y ai toujours cru, mais j'ai pu constater de moi-même qu'il s'agit d'un potentiel largement plus excitant que ce que je pensais avant de revenir au Pays en 2002.

"Any innovation on Linux that is broadly applicable will immediately be picked up by Red Hat or Novell and commercialized globally with little economic benefit coming back to SA."
Partout où le commerce est roi, il y a toujours ce risque, et la tentation d'appeler au loup était trop grande pour que cet argument ne ressorte pas (encore) du placard. Je suis... disons... un peu déçu.
Mais nous le savons bien qu'une exploitation commerciale honnête de Linux est permise. Elle est même garante de la fameuse qualité et du support technique assurés, pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent se reposer uniquement sur la communauté.

Et si Canonical, Red Hat, Novell, Mandriva etc... intègrent le code ou le logiciel d'un Africain, ou d'une société Africaine, quelle opportunité! Les commerciaux en rêvaient depuis des siècles. Internet et Linux - les Logiciels Libres - le permettent maintenant! Bien sùr, il faut déjà y croire, et à temps, de préférence: croîre en Linux à temps, croîre en Internet à temps ;-) Celà permet d'avoir une réelle politique d'innovation, de ne pas avoir à prendre le train en marche et devoir détourner les normes et les Technologies pour justement se les approprier dans une certaine mesure.

Le phénomène Linux est tout-à-fait similaire au phénomène Internet. Et ce n'est pas une surprise.

Auparavant, les grands éditeurs n'étaient pas intéressés par les Pays en Voie de Développement, l'investissement nécessaire pour s'y implanter d'une manière ou d'une autre leur paraissait disproportionné par rapport aux gains. Actuellement tout a changé, beaucoup plus vite que prévù: ces Pays commencent eux aussi à connaître et toucher du doigt les avantages qu'offrent les OSS et Free Softwares. Le marché occidental y ayant déjà été largement sensibilisé (enfin! depuis le temps!), l'offensive des éditeurs propriétaires doit se faire dans les Pays en Voie de Développement. Admettons-le: c'est la loi du commerce, accouplée à la géopolitique. La pression sur ces Pays est déjà là, et elle ira en se renforçant.

Internet et les Logiciels Libres serviront de levier aux Pays en Voie de Développement pour s'en sortir. Ils vont permettre à leurs sociétés d'émerger, se positionner sur les marchés mondiaux. Ces Pays pourront ainsi bénéficier librement (free!) de la globalisation, dans un monde ouvert et concurrentiel (open!), et non pas subir comme ç'était le cas dans un Système à sens unique et sans espoirs.

Les nouvelles générations de sociétés, ces "sociétés Linux", mais aussi les mastodontes historiques qui appuient Linux, peuvent les aider. Et toute la communauté "libre" leur ouvre déjà les bras.

mercredi 21 mai 2008

Mettez 'openssl-blacklist' à jour!

L'Ubuntu Security Notice, USN-612-8 de ce jour nous informe que, toujours suite à la faille de sécurité concernant OpenSSL d'il y a une semaine, le paquet 'openssl-blacklist' doit être mis à jour.

Cette notice contient aussi quelques indications sommaires afin de détecter les certificats SSL/TLS douteux.

Une fois de plus, le monde du libre prouve sa réactivité, vitale notamment en terme de sécurité. Non seulement çà travaille dur, mais en plus le résultat arrive sur votre bureau en deux temps trois mouvements!

A vos mise à jours! Et testez la vulnérabilité de vos certificats.

lundi 19 mai 2008

Faille de sécurité OpenSSL nécessitant mise à jour d'urgence!

Le Ubuntu Weekly Newsletter Numéro 91 attire notre attention sur une faille de sécurité concernant OpenSSL, et demandant mise à jour d'urgence d'OpenSSH. Celle-ci concerne toutes les distributions dérivées de Debian, y compris donc Ubuntu (n'oublions pas Knoppix, au cas où vous auriez généré votre clé avec cette distribution, sait-on jamais?). La découverte a été faite par Jan Pechanec via le forwarding X11, et affecte indirectement OpenSSH. Le générateur de nombres aléatoires de OpenSSL est pointé du doigt.

Aussitôt comblée, comme d'habitude sur notre OS favori (Oui oui, les utilisateurs de Linux sortent toujours couverts par définition, la sécurité n'est pas une option!), cette faille demande de votre part quelques clics ou copier-coller et quelques minutes (secondes pour les veinards de la bande passante!) afin que les mises à jour soient appliquées à votre machine. Mais pour une fois, une simple mise à jour des paquets ne suffit pas: la liste des blacklists doit être appliquée, et vos clés re-générés! La lecture d'une des pages pointées ci-dessous est donc fortement conseillée.

Allez hop, lancez Synaptic, ou mieux: tappez quelque chose comme ceci dans un terminal:

sudo apt-get dist-upgrade

Pour ma part j'ai plutôt fait:
sudo alefa -u "apt-get -y --force-yes dist-upgrade"

...mais vous pourrez bientôt en bénéficier vous-même bientôt... gniark! ;-)

Ubuntu: [USN-612-2] OpenSSH vulnerability
Debian: New openssh packages fix predictable randomness

Dernière modif, 2008-05-19: Je vous renvoie à l'excellent billet de Roland, sur le blog entièrement nu, pour une meilleure compréhension de cette faille de sécurité OpenSSL sur Debian, notamment sur ses portées.

samedi 17 mai 2008

Le retour!

Après un début d'année, disons problematique (mais nous ne reviendrons pas dessus, ni sur le facteur bloquant), me revoilà 'chez moi', bel et bien réinstallé sur le web!

Merci à ceux qui m'ont écrit ne serait-ce que pour avoir des nouvelles, mails que je retrouve encore au fur et à mesure vu que j'ai il faut le dire beaucoup de retards à ce sujet (à cette heure exactement 87604 mails non-lus, comprenant bien sur tous les mailing-lists auxquels je suis abonné). Les désagréments de ce début d'années sont après tout positifs, car semblent me remettre bel et même bien sur de bons rails pour la poursuite des anciens projets: les meilleurs ;-)

L'être humain est ce qu'il est, avançons sans nous y arreter et en faisant selon ce que certains aiment à dire: looking forward! Avec ceux dont le véritable objectif est de réellement avancer!

à bientôt donc.

PS: Pour la première fois, ceci est un blog post sur lequel je ne désire pas de commentaires ;-)